Notre nature cyclique

En tant que femmes, nous sommes réellement « cycliques » : nos cycles menstruels s’accompagnent de flux hormonaux et d’énergie que nous ne savons plus écouter ou respecter. Certains moment sont plus propices à l’action alors que d’autres sont plus propices à l’introspection par exemple.

Dans notre société, nous sommes requises d’être toujours au top, indépendamment de là où nous en sommes dans notre cycle menstruel, allant à l’encontre de ces fluctuations naturelles. Ainsi il est mal vu d’être moins productive ou de prendre du temps pour se reposer. Nous nous détachons de notre nature cyclique et ne savons plus quand notre corps aurait davantage besoin d’action ou d’introspection. Parfois même nous coupons les ponts avec nos fluctuations hormonales sans le savoir à travers diverses contraceptions hormonales.

Dans cet article, je vous propose d’explorer chaque phase du cycle menstruel, les fluctuations hormonales qui les accompagnent et les variations d’énergie qui en découlent pour que vous puissiez vous réapproprier et être plus en phase avec votre nature cyclique.

La phase folliculaire

Lors de la phase folliculaire (la première phase du cycle), vers la fin des règles et jusqu’à l’ovulation l’hormone oestrogène est sécrétée par les ovaires en réaction à l’hormone FSH provenant du cerveau. L’oestrogène est une hormone de « croissance » qui stimule la maturation des follicules dans les ovaires en prévision de l’ovulation, et qui épaissit l’endomètre pour former un « nid douillet » dans lequel viendra se loger l’embryon s’il y a fécondation. Mais ses actions ne s’arrêtent pas là : l’œstrogène favorise aussi la mémoire, l’apprentissage, les sens, un regain d’énergie, et serait positivement associé à une attractivité sexuelle maximale (odeurs de certaines parties de notre corps par exemple…). Ce n’est certainement pas un hasard si cette période pré-ovulatoire est celle associée à la période de fertilité des femmes. Durant cette phase du cycle, de nombreuses femmes en phase avec leur cycle disent se sentir plus motivées, enjouées, concentrées… La phase folliculaire serait donc le moment adéquat du cycle pour lancer de nouveaux projets, acquérir de nouvelles connaissances, sociabiliser ou encore laisser libre cours à votre créativité ?
N.B. : les femmes sous pilule ne font pas l’expérience des fluctuations hormonales naturelles et n’ont pas cette production d’œstrogène en première partie de cycle.

L’ovulation

Durant la phase folliculaire (la première phase du cycle), l’oestrogène est sécrété et s’accumule jusqu’à atteindre un palier qui signale au cerveau qu’il est temps d’ovuler. A ce moment là, le cerveau déclenche la production en pic de l’hormone LH, qui à son tour déclenche l’ovulation : un des deux ovaires s’ouvre et « pond » littéralement un oeuf (l’ovule). Cette abrupte sécrétion de LH est accompagnée d’un pic d’oestrogène et de testostérone qui favorisent toutes deux la libido, le désir… pas étonnant vu que ce sont les derniers moments de la période fertile de la femme. L’oestrogène permettrait par ailleurs d’activer l’hémisphère gauche du cerveau associé à la sociabilité. Notre biologie nous engage donc a ce moment là aux rencontres amoureuses et rapports sexuels.

N.B. : les femmes sous pilule ne font pas l’expérience des fluctuations hormonales naturelles, leurs ovaires ne produisent pas d’œstrogène et de testostérone, et dans la plupart du temps elles n’ovulent pas, d’où une libido souvent à plat sous pilule.

La phase lutéale

Après l’ovulation, c’est la phase lutéale : l’ovule qui vient de sortir de l’un des ovaires à l’ovulation produit l’hormone progestérone qui permet de « retarder » les règles en quelques sortes, et ainsi de laisser le temps à l’ovule s’il est fécondé de voyager dans les trompes et de venir s’implanter dans l’endomètre de l’utérus. La progestérone a aussi d’autres fonctions : elle serait associée à une sensation de faim plus élevée, est anti-inflammatoire et stimule la sécrétion de GABA, un neurotransmetteur calmant… des comportements qu’on imagine adéquats d’un point de vue évolutif pour favoriser l’implantation et le début d’une grossesse. En tant que femmes, cette période est donc plus propice au repos, à l’introspection et au self-care. Cependant, notre société a tendance à nous imposer de manière tacite d’être toujours dans l’action et toujours au top, ce qui va à l’encontre du panorama hormonal de la phase lutéale. Nous ignorons alors souvent cette invitation au repos et favorisons le « go go go ». Or j’observe dans ma pratique (et je ne suis pas la seule) que des femmes sujettes au syndrome prémenstruel voient leurs symptômes nettement s’améliorer voire disparaître quand elles acceptent à bras ouverts ce moment plus « yin » (= doux) et qu’elles s’accordent du repos à ce moment de leur cycle.

Les règles

Si l’ovule n’a pas été fécondé, il dégénère et la production d’oestrogène et de progestérone chutent brutalement. C’est ce qui déclenche les règles durant lesquelles l’endomètre se détache de l’utérus et s’écoule via le vagin. On rentre à nouveau dans la phase folliculaire et c’est le début d’un nouveau cycle. C’est le moment du cycle où les hormones sexuelles sont au plus bas, et c’est un moment où nous nous sentons donc moins énergiques. Dans le prolongement de la phase lutéale, c’est un temps pour nous reposer. Dans certains pays, notamment en Asie, il est totalement normal et accepté qu’une femme se repose pendant ses règles. Dans notre société de l’action où tout va à 1000 à l’heure, il est souvent difficile de s’accorder ce moment de repos. De nombreuses femmes ayant des règles douloureuses, en prévoyant ce temps plus calme dans leur cycle et en acceptant simplement de ralentir, voient leurs douleurs s’estomper. Si ça vous touche, pourquoi pas essayer ?