La libido fait partie de ces marqueurs qui peuvent en dire très long sur notre physiologie.
Un peu mystérieuse voire tabou, on n’en parle pas beaucoup et il est finalement difficile de savoir si ce que l’on ressent (ou ce que l’on ne ressent pas) est normal ou pas.
Je vous propose de décrypter la libido et comprendre comment ça marche, quand il est normal d’en ressentir ou pas, les éventuels déséquilibres internes que cela peut mettre en lumière, les multiples facteurs qui peuvent l’inhiber, et quelques conseils pour la raviver.
La libido, comment ça marche ?
La libido fluctue en fonction de nos hormones sexuelles : chez la femme, ce sont l’oestrogène et les hormones androgènes qui sont responsables de la libido.
L’oestrogène est notamment sécrété lors de la première phase du cycle (la phase folliculaire), et s’accumule de jour en jour jusqu’à atteindre un niveau assez élevé dans les jours précédant l’ovulation. Quant aux hormones androgènes (par exemple la testostérone, entre autres), elles atteignent un pic lors de l’ovulation.
Il est donc normal d’avoir davantage de libido à l’approche de l’ovulation et durant l’ovulation. Etant donné que ce laps de temps est précisément la période fertile de la femme, il semble logique que la nature ait prévu une libido plus élevée !
Chez l’homme, ce sont les hormones androgènes comme la testostérone qui sont responsables de la libido. Elles évoluent selon un cycle journalier : tout comme le cortisol, la testostérone est sécrétée en pic le matin et réduit le soir.
La santé de nos hormones sexuelles est donc cruciale pour l’état de notre libido.
Libido et déséquilibres hormonaux
Puisque ces hormones jouent un rôle sur la libido, si vous avez des déséquilibres au niveau des oestrogènes et/ou des androgènes, la libido sera nécessairement affectée.
Par exemple, une insuffisance d’oestrogène peut minimiser la libido. C’est le cas des personnes en aménorrhée (absence de règles) et des femmes ménopausées.
Autre exemple, une insuffisance d’androgènes peut faire chuter la libido chez la femme et l’homme. Chez l’homme notamment, les niveaux de testostérone baissent naturellement avec l’âge, c’est ce que l’on appelle l’andropause.
Une absence de libido peut donc être un signe de déséquilibre hormonal. D’autant plus si vous avez d’autres symptômes d’insuffisance d’oestrogène (fragilité émotionnelle, problèmes de mémoire, règles de moins de 3 jours ou très peu abondantes, infertilité pour cause d’endomètre trop fin notamment, dépression, anxiété, léthargie, sueurs nocturnes, incontinences urinaires, réveils la nuit, seins qui s’affaissent ou plus petits qu’avant, articulations douloureuses, ridules, peau sèche, sécheresse vaginale…) ou d’androgènes (difficulté ou impossibilité d’atteindre l’orgasme, dépression, fluctuations d’humeurs, larmes faciles, motivation faible ou nulle, difficulté à prendre du muscle ou perte de masse musculaire, anxiété, prise de poids, baisse de densité minérale des os, fatigue chronique, problèmes de fertilité et d’immunité…).
Tout ceci est à explorer avec un gynécologue, endocrinologue, ou avec un praticien de santé spécialisé dans les hormones.
Libido et contraception
La majorité des pilules et des contraceptions hormonales inhibent l’ovulation et la production d’hormones au niveau des ovaires, dont l’oestrogène et un bon nombre d’androgènes. Sous pilule vous n’avez donc pas de montée d’oestrogène pré-ovulatoire et pas d’androgènes ovariens.
Par ailleurs, la pilule a tendance à augmenter la SHBG (sex hormone binding globulin), une protéine qui agit comme un aimant à l’égard des hormones androgènes notamment pour les rendre inactives. Tout ceci impacte négativement la libido…
…et aussi le sex appeal apparemment. Des études montrent que les hommes, répondent sexuellement différemment aux femmes si elles prennent la pilule ou non : ils trouveraient les femmes plus attractives au pic de fertilité (lors de la montée d’oestrogène pré ovulatoire et durant le pic d’androgènes à l’ovulation), or les femmes sous pilule n’ont pas ce pic de fertilité.
Il est donc normal de ne pas avoir de libido sous contraception hormonale.
La libido revient en général après l’arrêt de la pilule, mais pas systématiquement ou du moins pas forcément de suite car la SHBG a souvent tendance à rester élevée quelques temps après l’arrêt de la pilule.
Libido et médicaments
Les médicaments ont toujours une action plus large que celle qui est escomptée. Et certains peuvent avoir pour effet secondaire une baisse de la libido.
Parmi les médicaments qui peuvent inhiber la libido, on compte notamment les anti-histaminiques qu’on peut se faire prescrire par exemple en cas d’allergies.
Souvenez-vous que la montée d’oestrogène pré-ovulatoire favorise la libido. Or histamine et oestrogène sont interdépendants : l’un engendre la production de l’autre et vice versa. Donc si la production d’histamine est inhibée du fait d’un anti-histaminique, l’oestrogène aura aussi tendance à baisser, et la libido avec…
D’autres médicaments comme les antidépresseurs, anxiolytiques, certains traitements contre le cancer, hypotenseurs, ou encore antifongiques… peuvent affecter la libido.
Libido et stress
Pour notre organisme, peu importe la source et le type de stress, le corps l’interprète comme une question de vie ou de mort et va déployer des changements physiologiques nous permettant de sauver notre vie. Car oui, d’un point de vue évolutif, le stress était à l’origine quelque chose qui menaçait notre survie (un lion qui veut nous dévorer, une famine…). Et même si aujourd’hui nos sources de stress sont bien différentes et sont pas aussi menaçantes pour la très grande majorité, nous n’avons pas évolué assez vite pour nous adapter à ce changement radical de société !
De ce fait, le moindre stress aujourd’hui (même s’il semble mineur, qu’il est simplement imaginé ou anticipé) nous met en « mode survie », ce qui implique l’ « extinction » d’un certain nombre de fonctions non vitales pour la survie au stress, afin de favoriser les fonctions qui elles nous aideront à gérer le stress. Par exemple, notre système digestif va moins bien digérer et absorber les nutriments. Autre exemple, nos hormones sexuelles et nos capacités reproductives peuvent être perturbées, comme c’est le cas pour l’ovulation qui peut être inhibée ou retardée (d’où les aménorrhées, les avances ou retards de règles en cas de stress par exemple). Et comme la libido est le fait de nos hormones sexuelles, elle sera forcément inhibée. Pour faire court : quand on doit sauver sa peau, la priorité n’est pas de faire des bébés, donc exit la libido !
Libido et état émotionnel
La libido est très sensible et peut être inhibée pour un rien : une contrariété, un environnement dans lequel on ne se sent pas bien, un non-dit… il est donc logique que des perturbations émotionnelles plus fortes comme la dépression puissent d’autant plus largement réduire voire inhiber la libido.
Par ailleurs, la manière dont on a été éduquée vis-à-vis du sexe peut affecter notre relation à cette partie de nous et amoindrir ou bloquer la libido. Il en va de même si nous avons vécu certains traumatismes ou des difficultés dans des relations précédentes.
Enfin, certains dérèglements peuvent engendrer une baisse de la libido. C’est souvent le cas de l’endométriose, car les douleurs dont on peut faire l’expérience pendant les rapports sexuels peuvent nous couper toute envie et générer une angoisse ou une certaine appréhension vis-à-vis des rapports.
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